Littérature jeunesse (2)

Publié le

La Littérature Jeunesse

Entre les 2 guerres

 

En 1914, l'édition enfantine s'associe à la mobilisation générale de l'édition française dans le combat pour la Patrie.

 Sartre a fort bien décrit, dans Les Mots, le nouveau visage de ses livres de jeunesse au cours de ces années: «Les romans colonialistes de l'avant-guerre cédèrent la place aux romans guerriers peuplés de mousses, de jeunes alsaciens et d'orphelins, mascottes de régiment. Le changement du décor était à l'image de cette métamorphose: les brumes collectives de l'Argonne avaient remplacé le gros soleil unique et la lumière individualiste de l'Équateur.»

Il faut entretenir la mobilisation des enfants et la flamme du patriotisme.

 

Après la fin du conflit et pendant quelques années encore il faut entretenir la flamme du souvenir.

Dans le livre « Luce et Colas apprennent à lire », l’épitaphe gravée sur la tombe du soldat inconnu tient lieu d’abécédaire.

 

Dès les années 1920, auteurs et organisations pacifistes, appartenant souvent aux milieux d'extrême gauche, éditent pour les enfants brochures, ouvrages et albums résolument antimilitaristes.

Une colombe au rameau d'olivier dépose dans la littérature enfantine l'espoir d'un monde meilleur: dans Jean-sans-pain, les soldats s'envolent "vers le pays de l'Est  où tous les hommes apprennent à être libres et bons". (L’auteur est Paul Vaillant Couturier, dirigeant communiste et directeur du journal L’Humanité)

 

En 1924, ouvre à Paris la bibliothèque de l’Heure Joyeuse.

C’est la première bibliothèque de France réservée aux enfants.

Dès sa naissance, l’Heure Joyeuse a été vécue comme une expérimentation sans précédent, porteuse d’une modernité durable.

« On a peine à imaginer aujourd’hui ce que représentait d’originalité, de nouveauté, disons de révolutionnaire, cette bibliothèque pour enfants, éclose entre le Musée de Cluny et l’Église Saint-Séverin […].

12 novembre 1924. Qu’allait être la destinée de cette bibliothèque pour enfants, une expérience sans lendemain ? Cette liberté de lire, de choisir, n’allait-elle pas déranger les enfants dans leur travail scolaire? Être source de désordres ? Et puis filles et garçons dans une même salle !…Fleurs, plantes vertes, nombreux invités, discours, une atmosphère de confiance, de joie un peu mystérieuse. Et puis la fête finie, trois jeunes filles attendaient les lecteurs. Et la merveilleuse aventure commença. Ce jour-là, il vint tant d’enfants qu’il fallut organiser un service d’ordre et les faire entrer par petits groupes 6. »

 

(Mathilde Leriche, bibliothécaire de l’Heure Joyeuse de 1924 à 1965. Extrait de 50 ans de littérature de jeunesse, Magnard L’École, 1979, p. 95-96)

Inauguration de la bibliothèque en 1924

 

 

En 1932, Paul Hazard  publie : Les livres, les enfants et les hommes; collection Éducation, Flammarion.

Professeur au Collège de France, Paul Hazard (1878-1944) s'emploie à la défense de la littérature enfantine et engage la recherche contemporaine dans ce domaine:

«Je ne vois pas pourquoi un historien des lettres négligerait cette production si vaste où les hommes ont mis quelquefois le meilleur et le plus frais de leur âme.»

C'est la première fois que paraît un ouvrage de cette envergure, plusieurs fois réédité et traduit, et encore apprécié de nos jours, sur un sujet traditionnellement dédaigné par les intellectuels.

Des thèses très personnelles y sont développées: l'importance de la dimension imaginaire dans les œuvres pour l'enfance, la supériorité du nord sur le midi en matière de littérature enfantine, la faiblesse de l'imagination française. La portée humaniste de la littérature enfantine, appelée à faire naître une «république universelle de l'enfance», est un thème majeur cher à l'auteur, comme l'idée de sa profonde et nécessaire humanité: «Il n'est pas de bons livres pour les enfants qui ne contiennent, cachées, les grandes  questions qui tourmentent éternellement les hommes.»

 

         Les éditeurs suivent le mouvement et adaptent leurs tactiques éditoriales.

         C’est ainsi que Michel Bourrelier va voir Paul Hazard car il connait son intérêt pour la littérature enfantine.

 

         Ils décident de créer le Prix du livre jeunesse attribué pour la 1ère fois en 1935 à Marie Colmont pour le Rossignol des Neiges.

 

         Par ailleurs, la collection du Père Castor nait en 1931 chez Flammarion sous l’impulsion de Paul Faucher.

 

Source :

LIVRE, MON AMI

Lectures enfantines, 1914-1954.

Catalogue établi et rédigé par Annie Renonciat, Commissaire de l'exposition, avec la collaboration de Viviane Ezratty Conservateur de la bibliothèque de L'Heure Joyeuse (Histoire des bibliothèques enfantines) et de Françoise Lévèque (Responsable du fonds ancien de L'Heure Joyeuse)

Exposition présentée en 1991

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article