Grand chemin (3)

Publié le

Revue Connaitre

 

Voici la présentation de la revue sur le site :

http://www.unifr.ch/grhic/ : groupe de recherche en histoire intellectuelle et contemporaine.

Les articles sont signés : Thibaud Guisan & Rafael Stalder

 

Présentation

Être au service du peuple: c’est ainsi que Connaître (1937-1938) résume le sens de sa publication.

Ce mensuel politique et culturel édité à Genève se définit comme une revue de gauche antifasciste. Car c’est bien la lutte contre la montée du fascisme qui forme le noyau du discours de Connaître qui se défend d’«être le porte-parole d’un parti» mais revendique une «action partisane».

Cette action consiste à alerter le peuple sur la progression du fascisme en Europe, à lui faire prendre conscience du danger de cette expansion pour la Suisse et, finalement, à l’exhorter à la résistance active.

Ces trois phases visant à réveiller la conscience populaire sont résumées dans le slogan programmatique: connaître, comprendre et agir. Politique, la résistance doit aussi être culturelle.

 Pour la revue, la culture ne doit pas être l’apanage de la bourgeoisie: il est temps pour les classes populaires de se la réapproprier et Connaître s'attache ainsi à promouvoir l'art et la littérature auprès du peuple.

 

Création

Les débuts de Connaître – fondé par le communiste genevois Jean Vincent – ne sont pas étrangers à la vague anticommuniste qui se déploie en Suisse dès la seconde moitié des années 1930.

Bien que force politique marginale, le Parti communiste est progressivement interdit dans les cantons romands (Neuchâtel en avril 1937, Genève en juin 1937, Vaud en janvier 1938). L’interdiction de la section genevoise du parti entraîne quelques mois plus tard, en octobre 1937, la disparition de l’hebdomadaire La Lutte, seule publication communiste de Suisse romande.

Le lancement de Connaître peut ainsi être compris comme la volonté de conserver une tribune communiste en Suisse romande – à Genève en particulier. Toutefois, la nouvelle revue fait une large place aux plumes socialistes, suivant ainsi le changement de ligne politique du Komintern, qui, décidée en été 1935, prône la collaboration des communistes avec les socialistes et les forces démocratiques, dans le but de constituer un front uni contre le fascisme.

Un fascisme bien présent à Genève avec l'Union Nationale de Georges Oltramare et ses deux journaux — L'Action Nationale et Le Pilori — qui, certes en perte de vitesse depuis la reconquête du gouvernement cantonal par la droite, ne sont pas inquiétés par les autorités.

La publication de Connaître s’inscrit également dans un contexte international tendu, qui explique le combat antifasciste de la revue.

Les régimes nazis et fascistes concrétisent progressivement leur politique d’expansion, avec notamment la guerre d’Éthiopie menée par l’Italie (1935-1936) et l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne (15 mars 1938), qui avait réoccupé la Rhénanie depuis 1936.

Dans le même temps, dans la guerre d’Espagne (1936-1939), les armées allemandes et italiennes apportent leur soutien aux nationalistes de Franco contre les Républicains. Cette situation angoissante renforce la nécessité du lancement de Connaître.

 

Equipe

La rédaction de Connaître repose sur trois piliers: Jean Vincent, André Ehrler et Daniel Anet, qui signent l’essentiel des articles.

Ces trois trentenaires ont grandi à Genève et ont en commun un engagement politique dans les partis de gauche:

Vincent est membre du comité central et du Bureau politique du Parti communiste suisse,

 Ehrler est membre du Parti socialiste et conseiller d’Etat sous le gouvernement de Léon Nicole (1933-1936)

 Anet est membre des Jeunesses socialistes.

Chacun d'eux a déjà une expérience de presse. Des trois, Vincent est le plus engagé dans Connaître: il en est le fondateur et assume les fonctions de rédacteur en chef et d’éditeur responsable. Sur le plan rédactionnel, il apporte un grand nombre de contributions diverses, articles littéraires comme éditoriaux politiques, qu'il signe de son nom ou des pseudonymes «A. Nernier», «Gabriel» ou «Luc».

A côté de ces trois rédacteurs réguliers, il faut relever de nombreux intervenants épisodiques, qui, pour la plupart, n’écrivent qu’à une seule reprise.

 Certains, par leur réputation dans les milieux de gauche ou culturels, apportent du crédit à la nouvelle revue. Parmi eux, Léon Nicole, leader socialiste genevois, Jules Humbert-Droz, secrétaire politique et cofondateur du Parti communiste suisse, Leonhard Ragaz, théologien comptant parmi les leaders du mouvement pacifiste international, André Oltramare, conseiller d’Etat socialiste genevois de 1924 à 1927, professeur de littérature latine à l’Université de Genève et fondateur de l’Association des Amis de l’Espagne républicaine dont Vincent sera l’un des vice-président, Hans Mühlestein, écrivain et historien communiste suisse alémanique qui dirige à Bâle le mensuel Wissen und Macht, ou encore Edmond Gilliard, écrivain et enseignant vaudois, cofondateur des Cahiers vaudois, inspirateur de Présence et Suisse romande, qui lancera en 1940 la revue antifasciste Traits.

 

«Connaître» se présente ainsi comme une revue de combat à plusieurs voix: entre six et dix auteurs différents écrivent dans chaque numéro, participant au même engagement antifasciste.

 

 

 

 

         Dans les articles consacrés à la revue, jamais le nom de Marie Colmont n’est cité et c’est dommage. Bien sûr son texte n’a pas une connotation politique directe, mais Marie Colmont a défendu  l’idée que

 

 «  La culture ne doit pas être l’apanage de la bourgeoisie: il est temps pour les classes populaires de se la réapproprier et Connaître s'attache ainsi à promouvoir l'art et la littérature auprès du peuple. » 

 

 

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